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Fragments écrits

Quelque part le fleuve est une vérité

Je ne sais pas lire dans le train, je regarde le fleuve. Je ne parviens pas à écrire dans le train, je regarde le fleuve. Je n’arrive pas à penser sérieusement dans le train, j’ai le cœur à rêver. Le fleuve c’est l’espace, l’ouverture vers le sud, la vallée épaisse comme une montagne, l’inconnue à l’arrière des coteaux boisés. Ici on a érigé des levées, à la main, à la pelle, à la sueur, pour tenter d’échapper aux crues ou bien pour y faire courir une suite de wagons. Le paysage n’est qu’un débordement insolemment calme. De part et d’autre du train seulement une masse offrant un espace au ciel ainsi qu’aux cimes des hauts frênes. Un royaume d’eau et de silence, quinze secondes de vacarme, puis de nouveau le flot confronté à lui-même.

Regardant depuis la fenêtre je n’arrive pas à lire et à écrire, je pense mais le paysage happe mes idées. Le fleuve est la seule réalité, le point d’ancrage de mes souvenirs. Quelque part il est une vérité.

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