Le présent billet s’inscrit dans une réflexion au long cours sur l’art dans l’espace public. Son sujet sera davantage abordé dans un projet éditorial à venir.
Lauréat du prix Lafont de la Ville de Nantes en 1961, Joël Dabin (1933-2003) est de ces artistes présents dans leur région de naissance et pourtant fondus dans le paysage au point de n’être que peu visibles. Je ne me souviens pas de son œuvre dans l’école où j’ai été élève, je l’ai découverte il y a quinze ans au hasard d’un feuillet conservé dans la série W (celle consacrée aux pièces contemporaines) des archives municipales. À La Roche-sur-Yon, Châteaubriant, Rennes ou Paimboeuf, les œuvres réalisées par Joël Dabin dans le cadre du 1 % artistique constellent le Grand Ouest.

Jouissant d’une belle réputation, il multiplie les expositions de tableaux à l’international, répond à des commandes monumentales ou dessine des costumes de scène. Passé par l’abstraction, il a su apprécier l’action painting américaine, jouant d’une application directe de la couleur. Cette période qui semble ici une parenthèse dans sa carrière est cependant déterminante en ceci que le geste spontané a longtemps été une marque de Joël Dabin. Il s’est en effet attaché à produire des œuvres figuratives et symbolistes empreintes d’envolées libres. C’est ce qui ressort du décor verrier et pictural de l’église de Mouais (Loire-Atlantique) qui, réalisé en lien avec l’architecte des monuments historiques Charles Choisel et l’atelier de vitrail Latteux-Bazin, veut représenter une progression vers une image nécessairement idéalisée du Paradis. Dans une commune d’environ 350 habitants en 1969, un tel programme dénote d’autant plus que le sculpteur régionaliste breton Jean Fréour complète la poutre de gloire de représentations de Marie et saint Jean.


Enfantine, car adaptée à son espace de réalisation, l’œuvre Les fonds marins et les courants (école Laennec, La Roche-sur-Yon) est exécutée au même moment. Elle est un grand tableau à hauteur d’écolier. Sur le mur du gymnase donnant sur la cour de récréation, Dabin propose une mosaïque faite de pâte de verre, de matériaux constructifs, de galets et d’enduits colorés. Tentaculaire et aux formes multiples, c’est un monde marin imaginaire qui se dessine à travers le mur de béton. L’œuvre, tactile, est accessible. Elle fixe le mouvement sur la surface. Un principe qui guidera Joël Dabin tout au long de sa carrière, dont la mosaïque réalisée à La Roche-sur-Yon n’est qu’un échantillon bien partiel.

