Il est neuf heures lorsque tintent les horloges de la maison, légèrement décalées elles semblent se répondre. Sur le sol des éclats de braises de la veille constellent la terre cuite vernie. Dans la cuisine le ronronnement du micro-ondes annonce l’imminence du café. Là même où j’ai l’habitude de m’asseoir, façon Anne-Aymone le 31 décembre 1975, je parle des journées passées, de mon travail, de mon livre à venir, du Monoprix de Fontenay-le-Comte qui n’est toujours pas classé monument historique alors qu’il devrait l’être, de ce qui m’émeut, m’agace et me transporte. J’aime venir ici, on converse de tout et lui me parle de la liberté qu’il voit en moi.
Il sait ce qui m’anime depuis un après-midi de printemps il y a plus de trois ans. J’ai mis du temps à lui expliquer tous les ressorts ; de comment j’ai simplement voulu saisir ce qui arrivait sans chercher à me projeter dans un quelconque impossible ni vouloir abîmer ce qui existait déjà. Être une composante complémentaire, différente, constitutive sans être opposée. En cela il voit de la liberté et peu après je reçois un message dans lequel il est justement sujet de la même liberté.
Pour autant, je ne suis certain de rien. Pas même de savoir ce qu’est être libre. Le suis-je, je l’ignore mais j’aime ce que je vis et m’estime chanceux que les choses soient ainsi. Rien ne saurait figer l’immuable ardeur et, subsistant librement à rebours de toute logique, le Monoprix de Fontenay-le-Comte ne sera pas classé. Ainsi est le constat livré par cette conversation, un matin comme souvent au coin d’une cheminée éteinte.