
C’est une plage comme un décor avec rien au-delà, une idée de l’illusion ou bien une possibilité. L’océan semble-t-il est là, tapis quelque part mais on ne sait pas où car on ne le voit pas. Il est peut-être présent mais on ne l’entend pas non plus. Juste les bandes informes de roches marines et les contours fantomatiques de deux ou trois promeneurs ramassant des bigorneaux. Parfois, ces silhouettes disparaissent et reviennent dans le champ. Il fait froid, c’est la saison.
Avec J. nous marchons, il y a quelques mois nous sautions dans les vagues à l’endroit même où aujourd’hui nous contemplons un simulacre d’océan. Il n’y a pas de but à cette promenade ; peut-être conjurer l’été dernier qui s’est éteint ou construire autre chose alors qu’a disparu celui qui était la raison des venues de J. depuis toujours. Nous posons quelques bases, commençons à construire autre chose, sans savoir ce qu’il y a derrière l’horizon. C’est curieux de ne pas voir l’horizon, inquiétant même. Il est comme une absence et l’absence me fait peur, je ne sais pas comment la vivre. Ces derniers temps j’ai l’impression de beaucoup la vivre et de la craindre certainement.
La promenade avec J. c’est plus facile. On parle, on regarde ce qu’il y a à regarder et lorsque l’on arrive au bout de la langue de sable, au pied d’un grand trou d’eau laissée par la marée, on se prend à courir comme des dératés dans le sens inverse. Courir pour ne pas être gelés, courir pour ne pas avoir peur, courir pour penser plus fort, courir parce que c’est un peu fou, courir pour passer par-dessus les ombres. Finalement c’est peut-être comme en montagne, il suffit de changer de versant pour entendre l’horizon et sa respiration.
Une réponse sur « L’horizon est une ombre »
[…] cite William Chevillon et j’extrais ces quelques mots de l’extrait, totalement hors contexte désormais, car […]