L’avenue qui mène à l’Océan est déserte. Installés dans une forme de latence, une maison parée de galets roulés et un vieil hôtel dont les lambrequins de bois sont prêts à tomber. Tout pourrait revivre mais rien ne bouge. L’immobilité est l’essence du lieu, le mouvement de la vie y est à peine perceptible. Les personnes surgissent et se dispersent comme une nuée sans jamais avoir habité la ville. Même les palmiers, religieusement disposés dans leurs emplacements bornés par des carrés de béton moulé, ne font illusion. Une fois les yeux fermés, ils disparaissent. Car c’est en fermant les yeux que l’on mesure que rien n’existe vraiment ici. Pourtant, tout est là. D’avril à octobre, chaque semaine les mêmes visages, les mêmes rites, le même ronronnement des tubes néon entrecoupé du roulement du tiroir-caisse ; qui tel un fracas dans les allées clairsemées de la supérette, rappelle qu’il pourrait y avoir quelques traces de vie dans cette station balnéaire.
Mais le mouvement y est si peu durable. À peine est-il perçu qu’il se volatilise. Furtive, la ville n’existe pas. Seul l’Océan se déploie pleinement, l’espace lui appartient irrémédiablement.