Ouvert au public en 1799, le musée du Mans fut parmi les premiers à voir le jour après la Révolution. Les biens saisis de l’Église et une partie de l’ancienne collection du maréchal de Tessé y sont alors notamment présentés sur le site de l’ancienne abbatiale de la Couture. Au fil des années le musée va enrichir ses collections avant que l’archéologie et les beaux-arts soient répartis sur deux sites. C’est en 1927 que l’art prend définitivement place dans l’ancien évêché bâti au XIXe siècle à l’emplacement de la demeure de la famille de Tessé.
Parmi les œuvres emblématiques du musée, une belle collection égyptienne et un fonds pictural composé d’œuvres d’artistes majeurs tels Philippe de Champaigne, Simon Vouet ou Anne-Louis Girodet*. Mais depuis le 26 novembre 2016, c’est un pan important du musée de Tessé qui fait l’objet d’une valorisation particulière, les peintures italiennes et hispaniques du XIVe au XVIIIe siècles. En effet, un formidable travail d’inventaire (inédit depuis 1932) mené par le conservateur Corentin Dury connaît aujourd’hui un aboutissement dans l’exposition temporaire De Florence à Séville : peintures italiennes et espagnoles du musée de Tessé.
Au sein des éléments constitutifs de cet ensemble pictural, 23 œuvres issues de la collection du manceau Évariste Fouret – l’une des rares collections de primitifs à l’époque – acquises en 1863 grâce au conservateur et peintre Charles Dugasseau. Aujourd’hui, ce sont environ 80 tableaux (sur les 115 du fonds) qui sont mis en avant, notamment par une approche chronologique qui permet habilement de faire oublier la qualité naturellement inégale des œuvres en les mettant en perspective avec une réalité thématique.
C’est logiquement que le parcours commence par brosser les spécificités de la collection mancelle dès l’origine avec les saisies révolutionnaires et les premiers achats du XIXe siècle. Acquises dans la même période avant 1839, Sainte Catherine d’Alexandrie d’après Bernardo Luini et Saint François d’Assise en prière de Sebastián de Llanos Valdés sont deux œuvres parmi ces premières entrées. Elles donnent ainsi le ton d’un ensemble qui se révélera, au gré des acquisitions, riche par ses origines, ses styles et ses thèmes.
Confrontées les unes aux autres dans le parcours, les œuvres révèlent leurs différences de conception mais également les aléas du temps comme des polyptyques désormais partiels ou le portrait attribué au florentin Tommaso di Stefano Lunetti qui a perdu son glacis lors d’une restauration. On appréciera d’ailleurs le propos de l’exposition qui ne manque pas de préciser la destination initiale des œuvres comme l’emblématique Sainte Agathe de Pietro Lorenzetti dont les trous de chevilles indiquent le rattachement à un autre panneau.
Des figures religieuses sur fond or du Trecento aux décors paysagers de la Renaissance en passant par des scènes de bacchanales du XVIIe siècle, l’exposition est riche mais elle n’en est pas moins simple d’approche. Sans aucun doute, De Florence à Séville marque par sa qualité et son accessibilité un tournant dans l’histoire d’une collection encore trop méconnue du public.
Jusqu’au 21 mai 2017 au musée de Tessé.
Publié aux éditions Snoeck, le catalogue est disponible chez tous les bons libraires !
NB : Il convient de prendre son temps pour visiter à la fois l’exposition et le musée. Cela ne m’a hélas pas été permis et ma vision n’est donc que partielle.
Illustrations de l’article : Façade du musée – Pietro Lorenzetti, Sainte Agathe ?, vers 1315 : William Chevillon / Tommaso di Stefano Lunetti (attribution), Portrait de jeune homme, vers 1525-1530 : Musées du Mans – Alain Szczuczynski
Clichés de l’exposition : https://www.flickr.com/photos/97758145@N08/albums/72157678322694856
*Gageons qu’à l’avenir l’accrochage permanent du rez-de-chaussée sera davantage mis en lumière par un cartel autonome par œuvre.